1802-2002, le bicentenaire des lycées | Ressources numériques en histoire de l'éducation

1802-2002, le bicentenaire des lycées

Créés par la loi du 11 floréal an 10 (1er mai 1802), et largement inspirés par les collèges d'humanités de l'Ancien Régime, les lycées constituent le cœur du nouveau système d'instruction publique mis en place par le Consulat. Ils remplacent les écoles centrales mises en place par la Révolution, dont ils prennent le contre-pied à bien des égards : à la juxtaposition de chaires qui constituait celles-ci, à leur absence d'administration, à leurs cursus ouverts et à leurs enseignements modernes, ils substituent de véritables établissements, dotés d'une administration et fondés sur une discipline d'inspiration militaire, organisés pour la plupart autour d'un internat, qui remettent les humanités classiques à l'ordre du jour. Toutefois, l'enseignement scientifique conserve une place éminente dans les premières années des lycées et il s'y maintient par la suite grâce à la préparation aux grandes écoles.

Le premier réseau des lycées est nettement moins dense que celui des écoles centrales. Antoine Fourcroy, leur créateur, a voulu en faire des établissements modèles pour les écoles secondaires municipales et privées qui doivent y envoyer leurs meilleurs élèves (discours de Fourcroy du 30 germinal an 10). Dans ce système concentrique, les lycées sont eux-mêmes inégaux entre eux,ceux de Paris occupant le sommet de la hiérarchie.

Les premières années des lycées sont difficiles (voir témoignage de Charles de Rémusat), les familles les considérant avec méfiance. Dans son rapport à l'Empereur de février 1806, Fourcroy fait état de 29 lycées organisés sur les 45 décrétés et expose les mesures prises pour faire face à ces difficultés. La création de l'Université impériale, chargée exclusivement de l'enseignement et de l'éducation publique (1806), et son organisation (1808) donnent un cadre corporatif à l'instruction publique, à travers lequel l'État peut contrôler la concurrence et obliger les pensions et institutions secondaires privées à envoyer leurs élèves suivre les classes des établissements publics (1811).

Conservé, non sans entorses, par la Restauration, mis en cause par la Monarchie de Juillet, le monopole universitaire sur l'enseignement secondaire est supprimé par la loi Falloux (15 mars 1850). Ce nouveau cadre permet le développement de l'enseignement secondaire ecclésiastique. Alerté par la stagnation du nombre des élèves des lycées, et surtout par le déclin du nombre des internes, la Chambre des députés nomme une commission d'enquête en 1898, dont les conclusions sont à l'origine de la réforme de 1902, laquelle marque la naissance du lycée moderne : égalité des sections classique et moderne, adoption de l'heure de cours à la place de la traditionnelle classe de deux heures, séparation administrative de l'externat et de l'internat. Entre-temps, un enseignement secondaire féminin est né (loi Camille Sée, 21 décembre 1880) et s'est développé parallèlement, avant de se fondre dans un enseignement secondaire unifié dans les années 1920.

La gratuité de l'externat, étendue à toutes les classes secondaires entre 1928 et 1934, et le début d'un élargissement social des lycées affectent le statut d'établissement réservé à une élite sociale qui a été jusque-là celui des lycées. Les réformes de la Cinquième République consacrent la fusion des ordres scolaires primaire, secondaire et technique. Un établissement unique regroupant les élèves du premier cycle secondaire à partir de 1963, les lycées se détachent des nouveaux collèges et ne conservent que les classes supérieures, de la seconde au baccalauréat, et les classes préparatoires aux grandes écoles.

Le bicentenaire des lycées a été l'occasion, entre le 8 et le 13 juillet 2002 :

Voir aussi, sur le site du Ministère de la Culture :