Inventaire des instruments scientifiques anciens
dans les établissements publics

Mécanique - Mécanique et pesanteur

 

Machine de Morin

Structure en fonte et acier, parfois en bois; cylindre en bois peint. Lycée Lakanal, Sceaux, Henri IV, Paris, Banville, Moulins.

Comme la machine d'Atwood, cet appareil permet de vérifier les caractéristiques de la chute des corps, notamment que "les espaces parcourus en chute libre sont proportionnels aux carrés des temps". Cette loi suffit pour caractériser un mouvement uniformément accéléré. En somme, cet appareil permet la démonstration des deuxième et troisième lois de la chute des corps.

L'appareil du général Morin, réduit à ses éléments essentiels, se compose d'un long cylindre vertical, couvert d'une feuille de papier, et animé d'un mouvement de rotation uniforme autour de son axe. Au niveau de sa base supérieure se trouve un corps pesant muni d'un crayon horizontal dont la pointe appuie légèrement sur le papier. Si l'on vient à abandonner ce corps dans sa chute, pendant que le cylindre est en mouvement, le crayon trace sur la feuille une courbe. L'expérience étant faite, on dépose la feuille de papier et on la développe sur un plan.

On quadrille alors la feuille de lignes verticales équidistantes, ce qui, en somme, permet de repérer les positions respectives du cylindre à des temps égaux, notés t1, t2, t3, t4, etc., considérant que le cylindre tourne uniformément. Aux points d'intersection de ces verticales avec la courbe, on tire des lignes horizontales. Celles-ci correspondent donc aux positions qu'occupait le corps à ces intervalles de temps réguliers.


Source: notice sur les instruments de précision construits par J.Salleron. Paris, 1864

Or, en mesurant les écarts entre ces lignes horizontales, on constate qu'ils sont entre eux comme les nombres 1, 4, 9, 16,... c'est à dire comme les carrés des temps correspondants.

Il y a beaucoup de contraintes pour réunir ces conditions d'expérience. Ainsi, le corps dont on doit étudier le mouvement est une petite masse de fonte de forme cylindro-conique. Le choix d'un matériau dense et travaillé dans une forme aérodynamique est déterminant pour rendre négligeables ses frottements à l'air. Cette masse est guidée dans sa chute par deux fils métalliques verticaux et parallèles, qui lui servent de rail. Un crochet monté sur lame-ressort est fixé en regard de la base supérieure du cylindre, pour maintenir le corps à cette hauteur. L’uniformité du mouvement du cylindre est assurée par la chute d'un poids accroché à une corde enroulée autour d'un tambour à cliquet. On actionne celui-ci au moyen d'une manivelle pour faire remonter le poids-moteur.

Le tambour communique son mouvement par une roue dentée à une vis sans fin que porte l'axe du cylindre. Un grand régulateur à ailettes modère la chute et améliore la constance de mouvement du cylindre. Ce n’est que lorsque celle-ci est atteinte, vers les deux tiers de la chute du poids-moteur, que l'on réalise l'expérience, en libérant le poids mobile. Peu de machines de Morin ont survécu. Cela tient peut-être aux importantes dimensions de ces instruments relativement encombrants.