Inventaire des
instruments scientifiques anciens
dans les établissements publics
Thermodynamique | - | Chaleur |
Larmes bataviques
Le verre est un très mauvais conducteur de la chaleur, c'est là ce qui occasionne les fractures d'objets en verre sous l'influence d'un brusque changement de température. Le même effet a lieu, en sens inverse, lorsqu'à une température élevée succède rapidement la température ordinaire. De là vient, pour le verrier ou le souffleur de verre, la nécessité de recuire les pièces de verre, c'est à dire de ne les laisser refroidir à la température ordinaire qu'après avoir passé lentement par toutes les températures de refroidissement. L'opération du recuit consiste à maintenir dans un four très chaud le verre qui vient d'être fabriqué, en laissant le four se refroidir très lentement. De cette manière, toutes les parties de la pièce se refroidissent simultanément, passant par les mêmes températures décroissantes, et les différentes parties prennent un arrangement d'équilibre intérieur. |
De cela il résulte que la rupture de la pièce par tension inégale entre les
molécules qui la constituent, au moment d'un changement subit de température, ne sera
plus autant à craindre plus tard. Les larmes bataviques, au contraire, montrent à un
très haut degré la fragilité du verre quand il a été subitement refroidi. On les
obtient en faisant tomber des gouttes de verre fondu dans de l'eau froide; elles ont la
forme de petites masses ovoïdes, terminées par une pointe longue et très déliée. Ces
gouttes de verre étant subitement refroidies par le contact de l'eau, se solidifient à
l'extérieur, alors que leurs parties intérieures sont encore en fusion. Dès lors, la
partie refroidie est dans un véritable état de tension, et elle exerce sur l'enveloppe
un effort considérable. Cette tension est toute intérieure, car les larmes bataviques
peuvent subir sans se briser une pression et même un choc. Mais si l'on vient à
détruire la solidarité établie entre toutes les particules du verre de la goutte
refroidie, en cassant, par exemple, son extrémité, toute la masse éclate aussitôt avec
bruit et vole en éclats. C'est une expérience spectaculaire, que l'on ne manquait jamais
de faire dans les cours de physique et de chimie.