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Accueil › Histoire du Service d'histoire de l'éducation › Journées d'études, colloques, séminaires organisés par le SHE de 2000 à 2012 ›Journée d'étude sur Ferdinand Buisson (30 mai 2000)
Résumé des interventions :
- Nelly Kuntzmann (BNF, Paris) et Mireille Gueissaz (CURAPP, Université de Picardie Jules Verne) : Le fonds Buisson entre mémoire et oubli : le droit d’inventaire.
Nelly Kuntzmann fait le récit de la reconstitution du fonds Buisson à la Bibliothèque de l’INRP, présente son contenu et l’inventaire qui en a été fait. Mireille Gueissaz montre ensuite comment la dispersion du fonds correspond à la fois à la " mise en icône " du premier directeur de l’enseignement primaire et au refus de lui reconnaître le statut d’homme politique de premier plan. - Martine Brunet (DEA, Paris IV) : La création du premier établissement d’éducation laïque : l’Orphelinat des Batignolles.
Dès la proclamation de la République, Ferdinand Buisson décide de quitter la Suisse, et il arrive à Paris le 5 septembre. Très vite, il s'engage dans l'action politique et sociale. Pendant le siège, des enfants seuls errent dans les rues, Ferdinand Buisson en recueille quelques-uns et veut créer un orphelinat. Membre de la commission municipale du 17ème arrondissement, avec l’accord du maire M. François Favre et d’un de ses adjoints, Benoît Malon, chargé des services d’assistance, Ferdinand Buisson est chargé de diriger l’établissement, sis au 46 rue du Port Saint Ouen, qui prend le nom d’Orphelinat municipal du 17ème arrondissement.
Cet établissement, dans l’esprit de Ferdinand Buisson, n’est pas seulement destiné à porter remèdes aux maux immédiats de la guerre, il doit avoir un caractère durable et assurer aux enfants une éducation complète.
Lire le texte intégral. - Christiane Demeulenaere – Douyère (Archives nationales, Paris) : Ferdinand Buisson et l’innovation pédagogique : l’exemple de l’Orphelinat Prévost de Cempuis
Paul Robin est connu pour avoir été le premier à mettre en œuvre en France, sur une assez longue durée (1880-1894), l’éducation intégrale dont il avait posé les principes. L’expérience de l’Orphelinat Prévost de Cempuis n’a pu avoir lieu que grâce à la volonté de Ferdinand Buisson, et à son appui fervent et courageux, même dans le tourmente de 1894, quand la presse se déchaînait contre la "porcherie de Cempuis". On examinera ici la nature et les limites de l’engagement de Ferdinand Buisson aux côtés de Paul Robin.
Lire le texte intégral. - Maria Helena Camara Bastos (Universidade Luterana do Brasil et Universidade Federal do Rio Grande do Sul) : Traces, signes et vestiges des idées pédagogiques de Ferdinand Buisson au Brésil (1870-1900).
L’étude analyse l’influence des idées pédagogiques de Ferdinand Buisson au Brésil, dans les trois dernières décennies du XIXe siècle, à travers l’analyse de la production de deux représentants de " l’illustration " brésilienne : Rui Barbosa (1849-1923) et Joaquim José de Menezes Vieira (1848-1897). On cherchera des traces, signes et vestiges de l’influence de Buisson dans la traduction par Rui Barbosa de Primary Object Lessons (leçons de choses), de Norman Allison Calkins, en 1881 ; dans l’élaboration des Pareceres de Reforma do Ensino Primario, Secundario, Superior e de varias instituiçoes complementares, par Rui Barbosa (1882-1883) ; dans l’implantation de la méthode intuitive ; dans la réalisation des expositions, pédagogique (1883) et scolaires ; dans l’implantation du musée pédagogique (Pedagogium, 1890-1919), et de la revue Revista Pedagogica (1890-1896), selon le modèle français, par Menezes Vieira.
Lire le texte intégral. - Patrick Cabanel (Université de Toulouse Le Mirail) : Un essai de vies parallèles : Ferdinand Buisson et Félix Pécaut
Les historiens ont retenu, depuis Georges Goyau et Daniel Halévy, l’idée que Ferdinand Buisson, Félix Pécaut et Jules Steeg ont constitué, aux sources de la laïcité, un efficace "trio", voire une "troïka", d’anciens pasteurs passés à la pédagogie. Une telle image a l’intérêt de frapper la mémoire, mais elle aplatit l’œuvre et la personnalité de chacun des trois amis. On sait que Buisson n’était nullement pasteur, mais agrégé de philosophie, même s’il fut un réformateur religieux. On doit surtout savoir combien les trois hommes, si puissamment unis dans le combat puis le pouvoir, sont pourtant différents. Steeg est un militant et un organisateur de premier ordre. Mais Buisson et Pécaut, au pouvoir de 1879 à 1896, offrent une toute autre stature au regard de l’histoire.
Rarement, peut-être, hommes furent plus dissemblables, et plus fraternellement mêlés dans une même révolution culturelle. Buisson est un entrepreneur, un politique, un homme de réseaux, de lobbying, de communication, d’estrade, maître d’œuvre de grandes entreprises collectives (du Dictionnaire de Pédagogie au ministère !), président d’à peu près tout ce qui est à présider à gauche (Ligue de l’enseignement, Ligue des droits de l’homme, Parti radical, etc.), champion de plusieurs carrières successives (religieuse, pédagogique, politique, pacifiste…). Sa longévité exceptionnelle, sa force de travail, sa capacité à se trouver en permanence à la nécessaire jonction de réseaux républicains divers mais également fondateurs, font de lui la véritable éminence grise de la Troisième République. Que la mémoire nationale l’ait presque complètement oublié, jusqu’à ces dernières années, serait une énigme majeure si ce type d’oubli ne sanctionnait habituellement, au moins un temps, les éminences grises.
Définir Pécaut revient presque à faire le portrait inverse de celui de son ami, quelle que soit la préférence de l’historien devant des caractères aussi opposés : stabilité/agitation, silence/brouhaha, immobilité/renouvellement, méditation de la mort/boulimie de vie, etc. En fait, on a tout dit de Pécaut de son vivant même en parlant de "Saint-Cyran d’un Port-Royal laïque". C’était reconnaître que le directeur de Fontenay-aux-Roses, comme le révèle l’étude de son importante correspondance, est à ranger du côté des mystiques, avec leur silence et le flux intarissable de leurs mots, leur ombrageuse et douce obsession. La République laïque eut ainsi son directeur infatigable, Buisson ; et, avec Pécaut, son "saint", enfermé à Fontenay mais rayonnant dans toute la France grâce à ses institutrices d’institutrices. La conjonction de génies aussi dissemblables explique sans doute pour une bonne part l’étonnante réussite de la laïcité française à la fin du XIXe siècle.
Lire le texte intégral. - Patrick Dubois (IUFM de Bourgogne) : Le Dictionnaire de Pédagogie de Ferdinand Buisson. Sources, collaborateurs, discours pédagogique(s). État d’une recherche et questions.
La destruction par la librairie Hachette en 1911 de toute la correspondance relative au Dictionnaire nous prive d’une source inestimable. Toutefois, la reconstitution de la chronologie de parution de l’ouvrage autorise des conjectures raisonnées touchant son projet et l’évolution de celui-ci, la formation de l’équipe collaboratrice (la sollicitation des auteurs à mesure de l’avancement de la publication, les réseaux qui les relient), la doctrine scolaire et pédagogique (polyphonique) exprimée dans les articles. Elle multiplie aussi les questions, points d’ancrage de recherches à venir…
Lire le texte intégral. - Daniel Denis (IUFM de Versailles) : D’une édition à l’autre, les disciplines scolaires dans le Buisson
Il s’agit de rendre compte des premiers résultats d’une recherche collective entreprise à l’IUFM de Versailles visant à comparer méthodiquement les deux éditions du Dictionnaire Pédagogique à partir d’une étude critique des articles consacrés aux " disciplines " scolaires inscrites au programme du primaire. Soumis à ce mode de lecture, le Dictionnaire se révèle un gisement particulièrement fécond où l’on peut dégager les permanences et les remaniements significatifs qui, à trente ans de distance, caractérisent les discours et les instruments méthodologiques mobilisés par chaque discipline. De plus, et au-delà des traits spécifiques à chaque domaine de savoir, l’existence d’inflexions communes incite à penser le jeu complexe (et souvent contourné) qui oppose des ambitions réformatrices et des volontés de statu quo au cours de la période où se réalise l’essentiel de l’œuvre de la IIIème République du point de vue de l’enseignement primaire.
Texte complémentaire :
- Daniel Denis (IUFM de Versailles) : De l'intérêt d'une lecture critique du Dictionnaire Pédagogique de Ferdinand Buisson: les disciplines scolaires d'une édition à l'autre (1880-1911).
Lire le texte intégral.