Inventaire des instruments scientifiques anciens
dans les établissements publics

Acoustique et mouvements vibratoires - Acoustique

Phonographe à feuille d'étain

Image et montage : Jean Castejon Gilabert
Texte et script : Henri Chamoux
Son et voix : Luc Bernard


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En photo : exemplaire du Lycée Alain Fournier, Bourges H. 20 cm, l. 41 cm.
Platine 25x19 cm. 1878-1885.

Instrument construit d'après l'invention qu'Edison réalisa le 5 ou le 6 décembre 1877. Construction française pour l'enseignement et pour amateurs de curiosités.

Sur une platine de fonte laquée de noir et réchampie de motifs floraux en dorure, deux courtes potences supportent un cylindre. L'axe qui le traverse est muni, sur sa partie droite, d'un pas de vis, dont le filet repose sur un couteau amovible attaché à la potence de droite.

Ce système, avec une manivelle que porte l'axe, assure au cylindre un mouvement de translation horizontal, en même temps qu'une rotation sur lui-même, lorsqu'on l'actionne. Le cylindre présente à sa surface une petite rainure hélicoïdale dont le pas est exactement celui de la vis qui le fait avancer. Une pièce de fonte fixée à la platine entre deux vis-pointeaux, qui lui permettent un mouvement de bascule vers l'avant, porte, fixée par trois vis, une embouchure en métal nickelé. Cet ensemble forme la "tête de lecture-gravure", avec, au fond de l'embouchure, une membrane métallique sertie de caoutchouc, et enserrée au moyen des trois vis. De l'autre côté de la "tête", une lame d'acier portant une pointe de même métal, repose contre la membrane, la pointe dirigée vers le cylindre. Enfin, une vis moletée traverse la pièce support et repose contre une butée fixée sur la platine, de façon à permettre un réglage micrométrique de l'approche de la "tête", et par suite de la pointe, vers le cylindre.

Pour reproduire l'expérience d'Edison, on colle autour du cylindre une feuille d'étain. On abaisse le couteau sur lequel repose le pas de vis, afin de libérer celui-ci et de décaler le cylindre vers la droite, puis on replace le couteau dans sa position initiale. On abaisse la tête de lecture-gravure vers le cylindre, et on règle la pression de la pointe sur l'étain, à l'aide de la vis à godrons, de façon à ce que la pointe emboutisse un peu l'étain au fond du sillon, lors de la rotation du cylindre. Alors, en animant la manivelle à un rythme aussi régulier que possible, on applique la bouche contre le pavillon de l'embouchure, et on prononce des mots en parlant très fort. Un second passage du cylindre ainsi enregistré devant la même pointe, suffit à reproduire la séquence enregistrée, que l'on reconnaît bien. On ne peut faire que quelques auditions d'un tel enregistrement, la pointe détériorant assez vite le sillon d'étain. Il fallut attendre les années 1887-1889 pour obtenir des enregistrements sonores durables, sous forme de cylindres de cire. C'est pourquoi il n'existe aujourd'hui aucun enregistrement de la période 1878-1887.