Inventaire des
instruments scientifiques anciens
dans les établissements publics
Mécanique | - | Mécanique et pesanteur |
Gyroscopes:
1°: Appareil de Bohnenberger pour démontrer
la précession des équinoxes et la nutation
2°: Gyroscope de Foucault
Un gyroscope sert à la mise en évidence des propriétés
de la précession qu'illustre un gyrostat (tout solide animé d'un mouvement de rotation
autour de son axe); et son application à des fins de stabilisation. La version la plus
simple de ce dispositif permet de mettre en évidence la précession des équinoxes et la
nutation, et se nomme appareil de Bohnenberger. Le gyroscope
de Foucault est un
dispositif semblable, mais réalisé sous une forme beaucoup plus élaborée, notamment
aux points de frottements mécaniques. Il sert essentiellement à démontrer la
persistance des axes de rotation par rapport au mouvement diurne de la terre, et s'emploie
également à des fins de stabilisation. |
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Appareil de Bohnenberger. |
On sait que l'axe de la terre est incliné sur le plan de l'écliptique;
qu'il forme, avec la perpendiculaire à ce plan, un angle de 23°28', et qu'enfin il
conserve une direction toujours parallèle à elle-même: ce qui est la cause du
changement pérodique des saisons. Mais ce parallélisme de l'axe terrestre n'est pas
absolu. En réalité, sous l'influence de l'attraction solaire, l'axe terrestre décrit,
très lentement à la vérité, autour de la perpendiculaire au plan de l'écliptique, une
surface conique: c'est le mouvement de précession; et, de plus, sous
l'influence de l'attraction lunaire, ce même axe se déplace autour d'une des
génératrices du cône, de telle sorte que chacune de ses extrémités décrit une
ellipse: c'est le mouvement de nutation. L'appareil de Bohnenberger
permet de reproduire très exactement ce double phénomène. C'est un sphéroïde ou tore
mobile sur un axe dans un anneau, qui est lui-même mobile sur un axe perpendiculaire au
premier, dans un second anneau, mobile à son tour dans un troisième; ce qui permet de
faire prendre toutes les positions à l'appareil.
Pour reproduire la précession des équinoxes, on place le tore dans une position
inclinée, semblable à celle de la terre sur le plan de l'écliptique; on fixe à l'une
des extrémités de l'axe du tore une petite masse additionnelle qui, agissant comme
l'attraction solaire, tend à redresser la ligne des pôles, mais aussi n'effectue ce
redressement qu'avec lenteur. On enroule ensuite un cordon autour du même axe, et en le
déroulant vivement, comme avec une toupie, on imprime à la sphère un mouvement de
rotation très rapide. Cette rotation se composant avec celleque produit la petite masse,
détermine l'inclinaison de l'axe, c'est-à-dire le mouvement de précession. Pour
reproduire la nutation, on fait tourner le sphéroïde, comme précédemment , dans une
position inclinée, et lorsque sa rotation commence à se ralentir, on frappe légèrement
le cercle qui porte l'axe, près de la masse additionnelle, et l'on voit distinctement
chaque extrémité de l'axe décrire une ellipse autour de la génératrice du cône de
précession. Les chocs imprimés au cercle agissent donc comme le fait l'attraction de la
lune.
Le gyroscope a été imaginé par Foucault
pour mettre en évidence le mouvement de rotation de la Terre. Son emploi repose
sur ce principe de mécanique que lorsqu'un corps, qui n'est soumis à aucune
force extérieure, est animé d'un mouvement de rotation autour d'un de ses axes
principaux d'inertie, cet axe doit rester parallèle à lui-même si l'on vient
à déplacer le corps d'une manière quelconque, tout en laissant l'axe libre de
prendre toutes les directions. Si donc, on imagine qu'une toupie soit suspendue
de manière à être soustraite à l'action de la pesanteur, et de façon que son
axe de rotation puisse s'orienter dans tous les sens, il arrivera que cet axe
conservera une direction fixe dans l'espace, quoi qu'il soit entraîné par le
mouvement de la terre; par conséquent, il semblera se déplacer par rapport aux
objets terrestres, et son mouvement relatif sera le même que celui des directions
fixes du ciel, c'est-à-dire qu'il semblera tourner comme les étoiles autour
de l'axe du monde, dans le sens du mouvement diurne et dans une période de 24
heures sidérales.
Le gyroscope de Foucault est une toupie rectifiée avec grande précision, formée
d'une masse de cuivre de forme torique ou ellipsoïde, montée sur un axe dont
les deux extrémités sont fixées sur un anneau lui-même suspendu aux deux extrémités
du diamètre perpendiculaire à celui de l'axe qui porte la masse de cuivre, de
sorte que celle-ci peut prendre toutes les inclinaisons possibles sur l'horizon.
Les deux pivots de ce premier anneau reposent sur un deuxième anneau plus grand,
monté lui-même sur pivots lui permettant une rotation verticale. Son plan, et
par suite l'axe de l'ellipsoïde, peut donc s'orienter dans les azimuts. Il résulte
donc de ce mode de suspension que l'axe de la masse est entièrement libre; de
plus, il est évidemment en équilibre dans toutes les positions. Pour faire l'expérience,
on imprime à la masse de cuivre un mouvement rapide, au moyen d'une ficelle
enroulée autour de l'axe, que l'on tire brusquement, comme on le ferait pour
une toupie. On reconnaît alors que l'axe de rotation semble décrire un cône
autour de la ligne des pôles, et sa vitesse de rotation apparente est pratiquement
celle qui conduirait à un tour entier en 24 heures.
Si on fixe horizontalement l'anneau intérieur, l'axe de rotation ne pourra plus
se déplacer que dans un plan horizontal. L'expérience et la théorie indiquent
que la masse exécute une série d'oscillations autour de la méridienne, sur laquelle
il vient finalement se fixer quand les frottements ont absorbé ce mouvement
oscillatoire, pourvu toutefois que la rotation de la toupie dure assez longtemps.
Si, au contraire, on fixe l'anneau vertical dans un plan perpendiculaire au
plan méridien, l'axe de rotation ne pourra plus se déplacer que dans ce plan
méridien. On le voit alors se fixer, après plusieurs oscillations, dans la direction
même de l'axe du monde. Sur certains gyroscopes perfectionnés, des cercles divisés
pemettent de relever avec précision la position de la masse rotative, de sorte
qu'on peut, avec cet instrument, déterminer la position du plan méridien, celle
de l'axe du monde, et par suite, la latitude. Le principe mécanique sur lequel
repose le gyroscope a trouvé une application pratique dans l'aéronautique naissante:
une masse dont la rotation est entretenue par un élément moteur, placée dans
une fusée, peut influencer la trajectoire de celle-ci, si l'on dévie judicieusement
son axe de rotation.